Dans ce troisième tome de Nous étions le nouveau monde, Jean-Claude Germain continue à remettre à l'heure les pendules d'une histoire trop souvent ignorée, faisant revivre la seconde moitié tourbillonnante du 19^e siècle, une période où l'on assiste à la naissance du Québec tel qu'on le connaît et du nationalisme canadien-français. Une époque marquée – après le bref intermède réformiste de Lafontaine – par une lutte opiniâtre entre le loyalisme affairiste des Bleus, s'appuyant sur les diktats ultramontains de M^gr Bourget, et l'idéalisme des Rouges, s'inspirant de l'anticolonialisme libérateur de Papineau.

Le récit des mœurs politiques de ce temps nous pousse à remettre en perspective les dérives de notre propre époque; on y constate que le conflit d'intérêts était déjà, il y a un siècle et demi, une forme d'art consommée. Le vaudeville de la Confédération fait passer les corrupteurs d'aujourd'hui pour des amateurs si on les compare à John A. Macdonald ou George-Étienne Cartier, sans parler des Chapleau, Sénécal, Langevin et cie.

Un ouvrage de salubrité publique qui arrive à point pour émettre un autre son de cloche alors que les grelots et clochettes des festivités du 150^e anniversaire du Canada tintent déjà. Un savoureux livre d'histoires dont le dernier mot revient à Honoré Mercier, dans un vibrant appel au ralliement: «Cessons nos luttes fratricides! Unissons-nous!»