Il a fui la grise misère des pêcheurs de morues sur les Bancs de Terra Nova pour s’embarquer avec les Basques chasseurs de baleines sur les eaux vertes de la Grande rivière de Canada. Le Babordais, matelot qualifié, pensait s’enrichir : l’infinie prodigalité de la Gran Baya et du plus vaste estuaire du monde connu l’ont comblé, mais d’une façon telle qu’il n’aurait jamais pu même soupçonner.
Un ouvrage de littérature maritime québécoise qui emportera les marins et les navigatrices de corps et de cœur à la découverte du Saint-Laurent de 1541. D’est en ouest depuis la baie des Châteaux jusqu’au large de Pipounapi et Totouskak ; du nord au sud depuis la baie de Boytus et l’archipel de Maingain jusqu’à l’anse à la Baleine, le Babordais vous accompagne sur les eaux « couleurs-de-saint-laurent » de sa mer de Cocagne.
Extrait
La misère et la violence s’étaient évanouies, je voyais cette fois le Nouveau Monde, le vrai, j’en humais les effluves minéraux et végétaux, j’en foulerais bientôt la terre, en toute la profondeur de ce mot en cette circonstance. J’entendrais tantôt le vent dans ses grands arbres, j’en goûterais les fruits juteux, j’en puiserais l’eau claire dans des puits sans fond. Le Nouveau Monde était à moi, pour moi.