Pour Léonie, l’amour, c’est non merci. Être amoureux rend stupide. La preuve, c’est qu’une de ses deux meilleures copines sort avec le gars le plus con de la planète et l’autre, avec le plus insignifiant. Léo préfère se concentrer sur l’école, ses amies et son but ultime: devenir journaliste et voyager à travers le monde. Justement, elle vient d’être recrutée comme rédactrice au sein du journal étudiant!
Seul obstacle à ce plan: Guillaume. Déménagé trois ans plus tôt sans dire au revoir à Léonie, son ancien meilleur ami est de retour en ville. Le beau gars aux cils de rêve tente de renouer avec elle et de retrouver leur complicité d’autrefois. Celle qui se montre d’abord méfiante réussit de moins en moins à lui résister. Et puis, Léonie a déjà d’autres soucis: la rédactrice en chef du journal et son assistante aimeraient bien l’expulser du comité, et sa sœur est soudainement devenue très cachottière.
C’est sûr, Léo ne changera jamais d’idée au sujet de l’amour! À moins que…
Extrait
Je tombe face à face avec Guillaume. Il porte l’uniforme de l’équipe de soccer. Il a manifestement tout donné pendant son match, car il est en nage. Chose étrange, la sueur lui va comme un gant, à lui. Elle lui procure un glow de dieu grec. Il est accompagné de quelques-uns des autres joueurs, ses amis trop cool pour moi. Guillaume me fait un grand sourire. Je panique intérieurement en me rappelant que je porte un filet de protection pour les cheveux.
— Léo ! Hey, salut ! Je savais pas que t’étais bénévole.
— Eh oui ! Bravo pour votre victoire… Qu’est-ce que tu vas prendre ?
— Hum… Deux hot-dogs, s’il te plaît. Et… tant qu’à y être… j’me demandais si j’pouvais aussi avoir ton numéro de téléphone.
Je le toise sans dire un mot. Il plonge ses yeux dans les miens. Sa confiance en lui est incroyable ! Et limite insupportable… Mon regard passe de lui à ses amis, qui semblent tous s’échanger des sourires complices. Je ne peux m’empêcher de me demander si c’est une mauvaise blague. Aux dernières nouvelles, nous ne sommes plus amis. Il me l’a montré assez clairement quand on avait dix ans ! D’accord, l’eau a coulé sous les ponts depuis ce temps. Mais, pourquoi faut-il qu’il me demande mon numéro devant tout le monde ? Il ne pouvait pas faire ça en privé ? Je suis peut-être parano, mais je trouve que ça fait show-off de sa part. Comment ne pas me méfier de lui alors qu’il m’a abandonnée comme une vieille chaussette dans le passé ? Guillaume remarque mon hésitation.
— S’il te plaît ? me demande-t-il en me faisant des yeux de chiot.
Je n’arrive pas à déterminer s’il se moque de moi ou s’il fait ça juste pour se penser bon devant ses amis. Chose certaine, on devrait lui remettre une médaille d’or pour l’acteur de l’année. Ses grands yeux bruns tristes me regardent à travers ses longs cils, pleins d’espoir. Comment ose-t-il être si attendrissant ? Pour mettre fin à cette situation gênante, je lui propose d’un ton le plus neutre possible de m’ajouter sur Instagram comme tout le monde.
— Parfait ! On s’écrit ce soir, alors ? lance-t-il avec son sourire à faire fondre les glaciers de l’Antarctique.
J’en reste pantoise, pratiquement haletante. Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Reprends-toi, Léo ! Je parviens tout de même à marmonner un « uh-huh » affirmatif. Après le départ de Guillaume, Léa n’arrête pas de me dévisager en haussant les sourcils de manière suggestive. Je fais comme si je ne remarquais rien. Elle me donne alors de vilains coups de coude dans les côtes et pointe du menton Guillaume au loin. Sachant qu’elle ne lâchera pas le morceau,
je m’exclame :
— Ben quoi ?
— Ben quoi !? Le nouveau plus beau gars de l’école veut ton numéro et tu refuses ? me dit-elle en me faisant de gros yeux. Pourquoi t’as dit non ?
