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L'écrivain imaginaire

Essai sur le roman québécois, 1960-1995

« Menteur, pilleur, cabochon, accusé, espion », les habits empruntés par l’écrivain fictif québécois, de 1960 à 1995, épousent les malaises du « pays défait ». Hésitant, souffrant, voire schizophrène, son génie flirte avec la névrose, et sa gloire, dans la foulée de Nelligan et d’Hubert Aquin, est célébrée en son absence. En lieu et place du poète appelé, le romancier volontaire, porte-parole sans public, n’a d’autre choix que de céder sa place à une femme iconoclaste, à une écrivaine migrante qui vient changer le décor d’une scène où on ne débat plus de la question nationale. L’étude du personnage de l’écrivain dans le roman québécois depuis la Révolution tranquille permet de comprendre le rôle que joue cet artiste dans notre expression culturelle. Elle fournit également les clés d’une surreprésentation à prime abord inquiétante. Le roman montre que le rapport de l’écrivain à son public est problématique. Les écrivains résistent en outre à la politisation de l’activité littéraire, même si la question nationale hante les coulisses du milieu, tel un dogme religieux. C’est que le religieux s’est réfugié dans le politique, et le politique dans le littéraire. Somme toute, au Québec, la gloire littéraire ne réside peut-être pas dans l’écriture romanesque mais dans des formes d’expression qui sont plus près de l’oralité, telles la poésie et la chanson. Cet ouvrage fouillé, novateur et passionné, est une lecture attentive et fascinée des propos que la littérature tient sur elle-même. Les cœurs « mis à nu » des personnages d’Hubert Aquin, de Michel Tremblay, de Jacques Godbout, de Victor-Lévy Beaulieu, de Marie-Claire Blais, sont les véhicules somptueux des ambitions littéraires d’une époque romanesque envoûtante qui a vu le Québec entrer définitivement dans sa maturité culturelle.

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Mention spéciale
Prix France-Québec (Jean-Hamelin) 2004
Finaliste
Prix littéraires du Gouverneur général (Essai) 2004