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Contester l'empire

Pensée postcoloniale et militantisme politique à Montréal, 1963-1972

Par Sean Mills

Texte original en anglais traduit par Hélène Paré

Durant les années 1960, Montréal était non seulement la ville la plus populeuse et la plus puissante sur le plan économique du Canada, mais c’était aussi un des principaux centres de l’expansion capitaliste en Amérique.

Cependant, la majorité francophone de Montréal, tout comme ses minorités raciales et ethniques, est très loin des sphères du pouvoir et bon nombre de ses membres vivent dans les secteurs les plus pauvres de la ville. Leur langue et leur culture sont dévalorisées dans les lieux de travail et au quotidien de la vie urbaine. Plusieurs réagissent à ces injustices en préconisant une forme de nationalisme qui vise à corriger les écarts flagrants entre le niveau de vie des francophones et celui des anglophones.

Ce mouvement contestataire qui se construit durant les années 1960 place les questions de la langue, de la culture et de l’empire tout à côté de celle des classes sociales, et il soutient un vaste projet de décolonisation. De 1963 au début des années 1970, différents groupes prennent le nom de FLQ, convaincus qu’ils sont engagés dans une guérilla anticoloniale : ils posent des bombes, volent des banques et provoquent la mort de neuf personnes. La violence culminera avec la Crise d’octobre 1970 lorsque, en réponse à l’enlèvement du diplomate britannique James Cross et du ministre libéral Pierre Laporte (assassiné ensuite par le FLQ), le gouvernement fédéral envoie l’armée à Montréal et suspend les libertés civiles en invoquant la Loi des mesures de guerre.

En raison de ses actions spectaculaires, le FLQ deviendra l’objet de nombreux documentaires, œuvres de fiction, rapports gouvernementaux et études historiques. On l’évoquera souvent comme le centre même de la politique oppositionnelle de cette période. S’il est nécessaire de comprendre la violence politique du FLQ, destructive à la fois sur le plan moral et sur le plan politique, il est très dangereux de laisser ce groupe représenter à lui seul le militantisme de cette époque.

Contester l’empire, à Montréal, ne se limite pas à un petit groupe de révolutionnaires isolés. Au contraire, cette contestation devient un mouvement de masse où d’innombrables individus (francophones, noirs, femmes, étudiants, etc.) ne demandent qu’à redessiner la démocratie du Québec de façon telle qu’elle englobe la souveraineté individuelle et collective et la solidarité sociale. Rédigée dans un style accessible à tous, voici une étude qui offre un éclairage sur les changements structurels et idéologiques qui sont survenus dans l’après-guerre et qui explique la montée du néonationalisme au Québec et le rôle qu’a joué ce dernier dans la transformation de la société québécoise et de ses relations avec le reste du Canada. Un grand essai sur le Québec.

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